Responsabiliser les chercheurs africains dans la résolution des problèmes africains ; telle est la principale résolution du Forum International sur la santé et le bien-être organisé à Accra par l’Université britannique de Lancaster (UL) du 20 au 21 mars 2019. Pour le compte du Bénin, Caludia Togbé, assistante de recherche au CiAAF, a pris part aux travaux du forum.
L’objectif de cette rencontre de scientifiques, entrepreneurs, industriels et membres de gouvernements et de la société civile venus de plusieurs pays d’Afrique, d’Asie et d’Europe était de discuter de l’impact des projets de santé et de bien-être mais aussi de la collaboration entre acteurs de plusieurs domaines sur le devenir du continent africain.
Manque de dialogue et méfiance
Si les problèmes de divers ordres de l’Afrique et particulièrement ceux relatifs à la santé peinent à être résolus malgré les multiples projets et programmes aux ambitions nobles, il faut en chercher les causes dans les rapports des Etats entre eux de même la qualité des échanges entre des acteurs comme les chercheurs, les industriels, les scientifiques, etc. A tous les niveaux, le constat du manque de dialogue est déplorable selon les participants au Forum d’Accra.
Or, les problèmes rencontrés par un pays africain peuvent très vite toucher d’autres pays africains dans ces domaines. Bien entendu, il n’est pas question de mettre en œuvre les mêmes solutions partout, mais selon le contexte, les problèmes se posent différemment et donc les solutions trouvées sont censées être adaptées au contexte local.
Par ailleurs, il s’est avéré que bien souvent, les recherches effectuées par les scientifiques ne répondent pas forcément à des problèmes concrets dans la société africaine et ne résolvent donc pas des problèmes réels, pertinents et actuels.
Sans oublier que les délais de ces recherches sont extrêmement longs, alors que la société et les industriels ont besoin de solutions concrètes et rapides. Et pour ne rien arranger, les industriels rechignent souvent à investir dans les recherches des scientifiques et ces derniers sont forcément moins enclins à faire des recherches qui serviront aux scientifiques, lesquels ne sont pas prêts pour investir dans les recherches. Somme toute un véritable rapport de méfiance et de refus de dialogue entre ces deux catégories, ce qui laisse les problèmes réels des Africains en proie à des recherches pas toujours utilisables ou dont les résultats ne permettent pas de mettre en place des projets ciblés et utiles.
Dans chaque pays, les chercheurs doivent se considérer désormais comme étant des chercheurs africains
Heureusement que des laboratoires et centres de recherche se multiplient sur le continent. Ils ont un rôle crucial à jouer dans la transformation du continent africain à travers :
· la mise en exergue d’une corrélation concrète entre les domaines économique et social dans le développement du continent parce que leurs recherches peuvent impulser le développement économique et donc social par ricochet ;
· leur contact avec la population et ses besoins concrets,
· la mise en œuvre de recherches qui pourrait permettre en même temps de solliciter des compétences dans différents domaines, ce qui révèle l’importance de l’éducation à tous les niveaux, afin que tout Africain puisse trouver une opportunité de travail ;
· l’innovation dans différents secteurs, comme celui économique et de la recherche de moyens de paiement aisés et rapides ;
· l’existence de profils de plus en plus spécialisés et répondant à des problématiques concrètes pour les Africains.
Il faut donc redonner une place de choix à ces centres de recherches et laboratoires en Afrique, pour qu’à leur tour, leurs travaux puissent réellement impacter la société et impulser son développement et par-dessus tout, il faut établir un véritable dialogue constructif entre les centres de recherche, les scientifiques, les gouvernements, les membres de la société civile et les industriels. Mais avant tout, dans les Etats africains, les chercheurs doivent se considérer désormais comme étant des chercheurs africains.