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Ce 16 octobre marque l’anniversaire de la fondation de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les Nations unies en ont fait la Journée mondiale de l’alimentation. À cette occasion, les autorités réfléchissent aux stratégies pouvant permettre d’améliorer la production alimentaire, d’augmenter la valeur nutritionnelle des aliments et de résoudre tous les autres problèmes liés à l’agriculture dans le monde. Cette année, le thème de la Journée mondiale de l’alimentation est “Agir pour l’avenir”.[1]

En Afrique, la FAO s’efforce d’assurer la sécurité alimentaire pour tous et de veiller à ce que les populations aient un accès régulier à une alimentation de qualité pour une vie meilleure et saine. Cependant, les acteurs militant pour l’atteinte de l’idéal « Faim Zéro » en Afrique continuent de faire face à de nombreux défis. Et la célébration de cette journée, offre l’occasion  de mener des réflexions visant à déboucher sur des pistes à explorer pour garantir la sécurité alimentaire pour tous au Bénin.

La faim dans le monde et ses principales causes

Selon le rapport des Nations unies sur l’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, la faim est un terme utilisé pour définir les périodes où les populations connaissent une insécurité alimentaire grave, c’est-à dire qu’elles passent des journées entières sans manger par manque d’argent, d’accès à la nourriture ou d’autres ressources.[2] La situation idéale qui est donc souhaitée à l’opposé de la faim est la sécurité alimentaire. Elle qualifie une personne ou une population qui peut disposer, accéder et utiliser en permanence dans une quantité suffisante des aliments sains et nutritifs pour mener une vie active et saine[3].

Malgré les progrès observés au cours de la décennie précédente, la faim est malheureusement actuellement en hausse dans le monde, touchant 9,9 % des personnes en 2020, contre 8,4% en 2019[4]. Le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté de 161 millions de 2019 à 2020. Cette crise a été largement alimentée par les conflits, le changement climatique et la pandémie de COVID-19.

On peut logiquement comprendre que la crise soit plus importante dans les pays en voie de développement car la faim est étroitement liée à la pauvreté. Contrairement à l’attente qu’elle soit une problématique réservée uniquement aux agriculteurs, la faim implique des interactions de plusieurs facteurs qui peuvent être sociaux, politiques, démographiques et sociétaux. On constate donc que les personnes vivant dans la pauvreté sont souvent confrontées à l’insécurité alimentaire et dans leurs ménages, elles font recours à des pratiques de soins inappropriées et vivent dans des environnements précaires où l’accès à une eau de qualité, à l’assainissement et à l’hygiène est faible ou n’est pas garanti. Ces éléments sont autant de facteurs qui contribuent à la faim. Dans cette décennie, le changement climatique a également eu un impact considérable sur la disponibilité des aliments dans de nombreux pays et a ainsi contribué à l’augmentation de l’insécurité alimentaire. Cette situation n’épargne pas l’Afrique, l’Afrique de l’Ouest et le Bénin.

La faim en Afrique de l’Ouest et au Bénin

Cette brève présentation des causes de la faim dans le monde, nous conduit à nous interroger sur la situation en Afrique. La plateforme d’analyse « Food Crisis Prevention Network » a conduit une étude dans 13 pays dans la région du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest. Elle a estimé qu’en 2020, 17 millions de personnes étaient en situation de crise ou pire en situation d’urgence[5].

Au Bénin, la principale contrainte est la disponibilité de données récentes sur le sujet. Le rapport de l’Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la Sécurité Alimentaire (AGVSA) réalisé en 2017 révèle que moins de la moitié des ménages (47,5%) sont en sécurité alimentaire. Plus précisément, 42,9% sont en sécurité alimentaire limite et 9,6 % en insécurité alimentaire globale (modérée 8,9% et sévère 0,7%). Dans les départements de l’Atacora, du Couffo, des Collines et du Zou la situation est particulièrement critique. Respectivement 23,6%, 16,2%, 15,3% et 11,7% de ménages sont affectés par l’insécurité alimentaire dans ces départements.[6]

L’augmentation croissante de la disponibilité alimentaire sur le plan national, n’a pas réussi à renverser la tendance. Il faut retenir que ces dernières années, les productions de cultures de consommation de base telles que les céréales, les légumineuses, les racines et les tubercules sont supérieures à la moyenne des 05 dernières années. Ce progrès en disponibilité des aliments est aussi observé dans la production animale et la production halieutique.[7]

Les solutions à explorer pour éradiquer la faim au Bénin

Le thème de la Journée mondiale de l’alimentation de cette année, « Agir pour l’avenir », nous interpelle. La faim ne saurait être éradiquée sans la contribution de tous pour une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et de meilleures conditions de vie. En vue d’éradiquer la faim au Bénin, il urge de trouver des solutions aux nombreux problèmes auxquels font face les acteurs du secteur agricole. Ces problèmes sont entre autres liés aux aléas climatiques mais aussi et surtout à la question de financement des petits producteurs. La problématique du financement se situe surtout au niveau de l’incapacité de la plupart des petits producteurs (souvent analphabètes) à répondre aux exigences des institutions de financement.

Pour y remédier, il s’agira d’une part de :

  • Promouvoir de nouveaux systèmes de productions agricoles plus résilients qui permettront, malgré les aléas climatiques, de continuer à produire et à garantir une alimentation saine aux populations.
  • Encourager les partenariats entre les acteurs du domaine agricole, les gouvernements, les chercheurs, le secteur privé et les consommateurs. Il est question ici de développer des sujets de recherches basés sur les réels besoins des producteurs et des consommateurs.
  • Faciliter l’accès aux marchés des intrants et des extrants.
  • Fournir un cadre politique solide et rapide : Une mise en œuvre plus cohérente de la politique agricole pourrait contribuer à une plus grande résilience des systèmes alimentaires et favoriser la création d’emplois pour la transformation économique.
  • Formaliser et professionnaliser les producteurs qui représentent les acteurs principaux dans la mise en œuvre de la sécurité alimentaire.
  • Reformer les systèmes nationaux de gestion des risques alimentaires : La gestion et l’atténuation des risques représentent un défi majeur pour tous les systèmes et acteurs alimentaires et constituent une caractéristique essentielle des systèmes alimentaires résilients.

D’autre part il s’agira de :

  • Mettre en place une banque agricole dont la mission sera de financer les producteurs et les entreprises agricoles à des taux attractifs.
  • Assurer la défiscalisation des petites et moyennes entreprises pendant les premières années de leur existence jusqu’à ce qu’ils atteignent un chiffre d’affaires à définir.

En guise de conclusion, éradiquer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable pour tous est un idéal commun à réaliser. C’est fort de cela que nous avons mis à profit cette journée pour faire un bref bilan de l’état des lieux de la faim dans le monde, en Afrique de l’Ouest et au Bénin. Dans cette perspective, nous avons également modestement proposé des pistes à explorer pour réaliser cet idéal. D’ici 2030, la mise en place de solutions innovantes pour améliorer les conditions de travail des producteurs, en mettant un accent particulier sur leur formation, le suivi et l’accompagnement, mais aussi des mécanismes efficients pour le financement de leurs activités, contribuera à éradiquer la faim au Bénin.

Références bibliographiques

Articles 

« Journée mondiale de l’alimentation 2021 : la FAO salue le nouvel élan et le regain d’énergie en faveur des systèmes agroalimentaires malgré des crises d’une ampleur sans précédent », https://www.fao.org/newsroom/detail/world-food-day-2021-celebration/fr , consulté le 19 Octobre 2021.

« L’année de la pandémie est marquée par une hausse de la faim dans le monde », https://www.food-security.net/en/, consulté le 16 Octobre, 2021.

« Sahel and West Africa: food and nutrition situation 2020-21 », https://news.un.org/fr/story/2021/07/1100002 , consulté le 16 Octobre, 2021.

Rapports

FAO, État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, Rome, 2018, 147 p.

FAO, Committee on World Food Security (CFS 2012/39/4), Director-General’s Report on World Food Security: A Reappraisal of the Concepts and Approaches, Rome, 2012, 14 p.

PAM (Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies), Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la Sécurité Alimentaire (AGVSA), Juillet 2017, 24 p.

PAM, Examen stratégique national faim zéro au Bénin, Juillet 2018, 25 p.

[1] Journée mondiale de l’alimentation 2021: la FAO salue le nouvel élan et le regain d’énergie en faveur des systèmes agroalimentaires malgré des crises d’une ampleur sans précédent, https://www.fao.org/newsroom/detail/world-food-day-2021-celebration/fr, consulté le 19 Octobre 2021.

[2] FAO, État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, Rome, 2018, 147p.

[3] FAO, Committee on World Food Security (CFS 2012/39/4): Director-General’s Report on World Food Security: A Reappraisal of the Concepts and Approaches, Rome, 2012, 14 p.

[4] L’année de la pandémie est marquée par une hausse de la faim dans le monde, https://news.un.org/fr/story/2021/07/1100002 , 16 Octobre, 2021.

[5] Sahel and West Africa: food and nutrition situation 2020-21, https://www.food-security.net/en/ , consulté le 16 Octobre, 2021.

[6] PAM, Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies, Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la Sécurité Alimentaire (AGVSA), Juillet 2017, 24p.

[7] PAM, Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies, Examen stratégique national faim zéro au Bénin, Juillet 2018, 24-25p.

 

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