Le CiAAF félicite Madame Afiwavi Georgette Kponvi, Assistante de recherche associée au CiAAF, pour la soutenance de sa thèse de doctorat en Sociologie politique portant sur le thème : “Démocratisation dans l’espace ouest-africain : Regard croisé sur le Togo et le Ghana”. 

Dans une logique comparative, la thèse a cherché à comprendre, à partir d’une approche fondamentalement qualitative, en quoi des trajectoires politiques plus ou moins similaires conduisent à des processus démocratiques contrastés, l’un allant dans le sens de la consolidation et l’autre dé-démocratisant, avec le néo-institutionnalisme comme cadre théorique de référence.

L’impétrante est partie d’un constat mitigé de l’état démocratique des pays de la 3è vague démocratique plusieurs années après les transitions politiques. Celles-ci en effet, ont effectivement marqué le début d’un processus de construction et de consolidation démocratique, qui en apparence, s’apprécie par le renouvellement du personnel politique, un ancrage des institutions qui, semblent résister aux jeux et stratégies des acteurs, rendant effectif la volonté du peuple. Ces pays ont la particularité de réussir le pari des alternances pacifiques, de personne et de parti politique, au moyen d’élections, éprouvées par la crédibilité d’institutions à charge. D’autres paradoxalement restent caractérisés par un présidentialisme de fait, entretenu par des institutions créées et réformées aux fins de son maintien. Les temps forts de la vie démocratique, les élections par excellence, servent mieux à conforter la position des régimes existants, qu’au plein exercice de ce pouvoir par les ayant droits.

L’étude comparative de la démocratisation a concerné le Togo et le Ghana, qui en dépit de leur proximité politique, historique et géostratégique, reflètent idéalement ce paradoxe de la démocratisation en Afrique, qui incite la curiosité du politiste, de l’historien et du sociologue. En questionnant le rôle des institutions formelles et des groupes sociaux structurées dans un pays francophone et anglophone, Madame Kponvi a voulu dépasser les conclusions hâtives des déterminismes coloniaux, pour analyser les contraintes institutionnelles, les stratégies des acteurs pris dans ces cadres structurés.

Les résultats ont montré qu’autant les institutions ghanéennes que togolaises à travers leur nature et dans leur fonctionnement présentent de nombreuses similarités en ce que diversement dans la forme ou dans le fond, elles n’attestent pas à elles seules de la consolidation démocratique.

Si au Ghana, les garanties de neutralité et d’indépendance juridico-institutionnelles des organes de dévolution du pouvoir, pourvoient littéralement au changement du personnel politique, c’est de concert avec l’ensemble des acteurs politiques et surtout sociaux que ce pari est réussi à tous les niveaux, alors qu’au Togo, les éléments textuels et humains mis ensemble constituent le frein à l’indépendance de ces institutions qui sont engagées dans la transmission du pouvoir.

Par ailleurs, ni l’hybridisme constitutionnel du Ghana ou la Constitution togolaise importée ne pourvoient pour une réelle séparation des pouvoirs. Les instances de représentativité quant à elles tiennent peu leur rôle de représentant du peuple, vis-à-vis des exécutifs trop puissants.

En fin de compte, il ressort que le paradoxe démocratique entre le Togo et le Ghana s’explique par le dynamisme des acteurs sociaux dont le contraste est apparent de part et d’autre. Au Ghana en effet, l’activisme d’une société civile organisée et structurée, intégrant tous les acteurs (autorités traditionnelles, religieuses, corps professionnels, organisations non-gouvernementales) dont la légitimité s’est renforcée aux différents moments du processus démocratique, et l’effectivité de la pratique de l’”accountability , favorisent le contrôle même des institutions susmentionnées et l’ouverture de l’espace civique.  Au Togo en revanche, ces organisations, dont la légitimité a été éreinté au fil des épreuves et des bouleversements politiques, disposent de moyens légaux et techniques très limités, ne leur permettant pas d’exercer un contrôle durable des institutions et de créer un espace civique favorable.

La thèse a été soutenue le 14 avril 2022 à l’Université de Lomé sous la direction de Kokou Folly Lolowou Hetcheli, Professeur Titulaire de Sociologie Politique, devant un jury composé de Essohanam Batchana, Professeur Titulaire d’Histoire Contemporaine (Président), Mme Afiwa Pépévi Kpakpo-Lodonou, Maître de Conférences de Sociologie Politique (Evaluateur), Papa Samba Ndiaye, Maître de Conférences Agrégé de Sciences Politiques (Evaluateur).  

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