“Le serment d’Hippocrate n’est pas un vœu de pauvreté“, martèlent souvent les médecins. Cher futur député, connaissez-vous le salaire de base d’un médecin généraliste dans la Fonction publique du Bénin en 2019 ? 173. 000 francs CFA par mois.
Après 7 années minimum d’études difficiles et stressantes, le salaire d’un docteur en médecine est largement inférieur à celui d’un magistrat par exemple. Le sujet est tabou, presque jamais abordé dans le débat public. Vous est-il arrivé de vous demander comment un médecin peut vivre dans le Bénin d’aujourd’hui avec 173.000 francs CFA par mois ?
Le médecin s’est trop longtemps nourri des honneurs et du prestige que lui confère son statut de combattant contre la douleur, la maladie, l’infirmité et la mort. Mais l’honneur et le prestige ne suffisent plus. Le médecin doit vivre dignement de son métier. Et plus globalement, l’ensemble du personnel médical. Et pas que d’ailleurs ! Il y a bien d’autres corps dont les statuts méritent d’être élevés au regard de la noblesse, de l’immensité, de la délicatesse du service rendu à la Nation.
Cher futur député, il est nécessaire de se pencher sur la question du traitement salarial des médecins et plus généralement de leur statut dans la Fonction publique. Ce sont eux qui, avant tous les autres, s’occupent de nos vies. C’est à juste reconnaissance que nous n’hésitons pas à leur dire : ”Après Dieu, c’est vous ”. Adjoints de Dieu, ils doivent être mis dans les conditions dues au rang, aux sacrifices et à la noblesse de leur sacerdoce. A cet égard, il est surprenant que le Constituant ait jugé les fonctions de magistrat et d’agent des forces de sécurité et de défense tellement importantes – plus importantes que celles de médecins – qu’elles méritent un statut particulier consacré à l’article 98 de la Constitution du 11 décembre 1990, mais pas les fonctions de médecin.
Cher futur député, les Béninois pourront-ils voter pour vous s’ils sont malades et sans médecin pour les soigner ? La réalité, c’est que les médecins de notre pays, très brillants, sont obligés de partir pour valoriser leurs talents ailleurs ou même de changer de métier. L’inégalité salariale et le mépris dont sont victimes les médecins constituent une source majeure de frustrations silencieuses. Ces dernières, à défaut de s’exprimer de façon visible, transparaissent inconsciemment dans la qualité des prestations offertes aux patients : l’accueil médiocre du malade, le médecin obligé de jongler entre plusieurs boulots…
Que comptez-vous faire, cher futur député, pour améliorer la situation des médecins et du personnel médical dans notre pays ? Ou pensez-vous que la situation est satisfaisante en l’état ? Vous pouvez facilement nous répondre que la gestion des carrières et les questions de salaire relèvent du Gouvernement. On peut être d’accord avec vous. Mais alors, serez-vous prêt, d’abord, à réviser la Constitution pour consacrer le statut particulier du corps médical ? Ensuite, serez-vous disposé à voter une Loi portant statut particulier du personnel médical et assimilés ? Il est vrai que le décret d’application de cette loi éventuelle relèverait de l’Exécutif. Cependant, serez-vous en mesure de prendre cette initiative symbolique dont l’impact est déterminant sur la vie de nous tous ? Ou si vous ne faites pas cette option de la révision de la Constitution ou d’un statut particulier, quelle autre initiative concrète prendrez-vous pour améliorer la situation sociale du personnel médical dans notre pays ?
Cher futur député, allez-vous contribuer à tuer les Béninois parce que vous n’aurez pas assez usé de vos pouvoirs constitutionnels pour éviter un traitement social méprisant et démotivant au personnel médical de notre pays ?