La Covid-19 est une pandémie générée par une maladie infectieuse émergente, appelée le coronavirus SARS-CoV-2. Elle est apparue le 17 novembre 2019 dans la province de Hubei (en Chine centrale), plus précisément dans la ville de Wuhan, et se propage dans le monde entier depuis lors. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a alerté dans un premier temps la République populaire de Chine et ses autres États membres, puis a prononcé l’état d’urgence de santé publique de portée internationale le 30 janvier 2020[1].
La pandémie de la Covid-19 menace à la fois les vies et les moyens de subsistance des populations. Elle se répand rapidement et n’est plus une question régionale mais un problème mondial qui demande une réponse mondiale.
Au début de cette crise sanitaire, le Benin, à l’instar des autres pays du monde, a pris des dispositions pour limiter la propagation du virus. Il s’agit, entre autres, de l’instauration d’un cordon sanitaire, de la sensibilisation dans diverses langues locales sur les gestes barrières pour éviter cet ennemi invisible[2]. Mais force est de constater que la maladie est en constante progression et gagne même du terrain de jour en jour.
Si jusque-là les personnes affectées par la Covid-19 vivent majoritairement dans les grandes villes et s’avèrent être des malades asymptomatiques, la levée du cordon sanitaire le 11 mai dernier pourrait conduire à une apparition des cas malades dans les milieux ruraux, du fait de la réinstauration de la mobilité inter-régions et particulièrement de la tenue des élections communales et municipales du 17 mai 2020, qui ont ouvert la voie à des brassages de personnes.
En effet, le Bénin passe de 96 cas confirmés le 3 mai à 807 cas confirmés dont 13 décès à la date du 21 juin[3]. Eu égard à l’inexistence de centres de santé adéquats et au mode de vie en milieu rural, une explosion des cas est à craindre.
À l’heure où le virus se propage et où les cas augmentent, et alors que de nouvelles mesures sont prises pour endiguer sa diffusion, le système alimentaire mondial va subir un bouleversement et une mise à l’épreuve dans les prochains semaines et mois. Les pays en développement notamment le Benin, sont particulièrement menacés parce que la maladie peut entraîner une réduction de la force de travail et porter préjudice à l’agriculture, qui reste jusqu’à nos jours très peu mécanisée et nécessiteuse d’une main d’œuvre importante.
Dans les pays développés comme dans les pays en voie de développement, l’agriculture familiale est la principale forme d’agriculture dans le secteur de la production alimentaire. Elle assure environ 80% de la production alimentaire mondiale et contribue dans une large mesure à la sécurité alimentaire[4]. En Afrique, elle est majoritairement pratiquée en milieu rural.
La présente étude vise à analyser l’impact de la Covid-19 sur l’agriculture familiale, les mesures à prendre pour protéger les petits agriculteurs d’une part, et ensuite mettre un accent sur la nécessité de migrer vers de nouvelles pratiques agricoles après la crise de la Covid-19, en vue d’éviter une insécurité alimentaire.
I- Notion d’agriculture familiale
L’agriculture familiale englobe toutes les activités agricoles reposant sur la famille, en relation avec de nombreux aspects du développement rural. L’agriculture familiale permet d’organiser la production agricole, forestière, halieutique, pastorale ou aquacole qui, sous la gestion d’une famille, repose essentiellement sur de la main-d’œuvre familiale, aussi bien les hommes que les femmes. Les exploitations familiales assurent environ 80% de la production alimentaire mondiale. Grâce à leurs productions diversifiées, les petits exploitants contribuent aussi dans une large mesure à la sécurité alimentaire. En Afrique au Sud du Sahara, elle demeure l’activité de base qui mobilise la grande partie de la main d’œuvre rurale et de la force de production[5].
Au Bénin, l’agriculture familiale est dominatrice et emploie 70 % de la population active soit 2,989 millions de personnes. Elle est caractérisée par la polyculture et souvent associée au petit élevage de volailles, petits ruminants, porcins, etc. La superficie moyenne des exploitations est estimée à 1,7 hectare dans le sud et 10 hectares dans la région Nord. 34 % des exploitations couvrent moins d’un (1) hectare. Malgré la petitesse de ces exploitations, le secteur agricole représente 75 % des recettes d’exportation de produits locaux et participe à hauteur de 36 % au Produit Intérieur Brut[6]. Il est donc logique, la Covid-19 n’épargnant aucun domaine d’activité, que l’on s’interroge quant à ses effets sur l’agriculture familiale.
- Impact de la crise de la Covid-19 sur l’agriculture familiale
L’augmentation des cas et le risque d’une seconde phase de pic de l’infection pourraient conduire à prendre des mesures plus drastiques pour contenir la propagation du virus. Tel est déjà le cas en Chine où Pékin a annoncé une série de mesures fortes de reconfinement après l’apparition de quelques dizaines de cas de coronavirus dans la capitale ces derniers jours.
Comme cela avait été le cas à Wuhan, à l’origine de la pandémie, cette résurgence du virus est suspectée d’être issue d’un marché alimentaire, faisant craindre une répétition du scénario et poindre l’hypothèse d’une deuxième vague sur le pays[7].
Les petits agriculteurs pourraient ainsi se voir interdire d’accéder aux marchés pour vendre leurs produits, acheter des semences ou d’autres biens de base et, par conséquent, affaiblir leur capacité de production…Lire la suite
[1] Institut Pasteur, « Maladie Covid-19 (nouveau coronavirus) » URL : https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches maladies/maladie-covid-19-nouveau-coronavirus.
[2] Gouvernement du Benin, « Mesures de riposte Covid-19 », URL : https://www.gouv.bj/coronavirus/#mesures.
[3] Gouvernement du Benin, « Mesures de riposte Covid-19 », URL : https://www.gouv.bj/coronavirus/#mesures.
[4] Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), « L’agriculture familiale : Nourrir le monde, préserver la planète », URL : http://www.fao.org/family-farming-2014/fr/, mai 2014.
[5] Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), « L’agriculture familiale : Nourrir le monde, préserver la planète », URL : http://www.fao.org/family-farming-2014/fr/, Mai 2014.
[6] Programme alimentaire mondial (PAM), « Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la Sécurité Alimentaire (AGVSA) », Résumé, janvier 2014, 7 p.
[7]Le Parisen, « Coronavirus : cinq questions sur le reconfinement de Pékin », URL : https://www.leparisien.fr/societe/coronavirus-cinq-questions-sur-le-reconfinement-de-pekin-15-06-2020-8335749.php, juin 2020.
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