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Le Sahel[1] a perdu son Maréchal. Idriss Déby Itno est mort. Au front selon son armée ; assassiné selon des rumeurs ; dans tous les cas, pas dans son lit selon ses propres prédictions[2]. Il était d’une réputation controversée : dictateur sans pitié, tyran des temps modernes et grand violateur des droits humains pour certains ; grand guerrier, courageux sauveur d’une région et grand patriote pour d’autres. Une chose est sûre : l’homme ne laissait personne indifférent. Ni ses adoubeurs, ni ses détracteurs. En pleine période covidienne, il réussit le pari de réunir une dizaine de chefs d’État à son enterrement. Preuve, s’il en était besoin, du personnage emblématique qu’il incarnait par son importance dans la lutte antidjihadiste en Afrique. Pierre angulaire d’une sécurité régionale fortement éprouvée lors de la dernière décennie, le Maréchal du Tchad représentait la figure du leadership militaire au Sahel. Sa disparition propulse son pays, le Tchad, dans l’incertitude et sa région, le Sahel, dans l’inquiétude.

En fait, l’importance du Maréchal Idriss Déby Itno dépassait les frontières du Tchad. Son engagement contre les groupes djihadistes dans la région était si apprécié que sa disparition laisse surgir, et naturellement, de pertinentes questions sur l’avenir des politiques antidjihadistes en cours au Sahel. Quelles seront les conséquences de cette mort sur la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel ? Le Sahel survivra-t-il à la mort de son Maréchal ? Autrement dit, les événements de l’ère post-Déby vont-t-ils embourber davantage le Sahel dans l’instabilité ? Ou vont-t-ils, au contraire, permettre de poursuivre l’œuvre du défunt afin de débourber le Sahel des niches djihadistes qu’il couve depuis plusieurs années ?

La réponse à ces questions impose de scruter l’importance de l’illustre disparu. Cet examen nous conduira à réaliser que, pour le Sahel – selon le président malien Bah Ndaw –, la disparition du Maréchal-président Idriss Déby Itno constitue « une lourde perte »[3] (I). Mais puisque personne n’est éternel, et que la vie et la lutte doivent continuer malgré cette disparition subite et brutale, il faut rechercher dans/à quelles conditions le Sahel peut/compte surmonter cette perte (II).

I- Une lourde perte

Pourquoi et en quoi la perte d’Idriss Déby Itno est lourde pour le Sahel ? La réponse à cette préoccupation suggère un renversement de la question. La bonne question serait donc : que perd le Sahel à travers la disparition de l’ex. éternel président tchadien ? En l’état actuel des choses, la réponse est double : il y a ce qui est définitivement perdu (l’homme) et ce qui n’est pas encore perdu aujourd’hui mais qui pourrait l’être demain (son héritage).

A- Ce que le Sahel a perdu…

Le Sahel a perdu un homme, un homme fort, un Maréchal, un chef de guerre… Dans le concert des nations du Sahel, Idriss Déby Itno était un personnage controversé, encombrant, gênant, parfois même cassant, déstabilisateur et incontrôlable…, mais indispensable ou tout au moins un mal nécessaire. Disons qu’il s’est rendu indispensable. Par son efficacité militaire. Par ses alliances. Et par sa longévité au pouvoir. Les unes nourrissent les autres. L’efficacité militaire permet de rendre des services utiles aux alliés français pour qu’ils oublient leurs prétendues valeurs de démocratie et promeuvent la longévité au pouvoir. La longévité au pouvoir permet de renforcer davantage l’outil militaire et les alliances. Les alliances permettent de renforcer l’armée et d’assurer la longévité du pouvoir. Déby était l’homme de la France, le patron de l’armée tchadienne mais aussi le Président qui a passé trente ans au pouvoir au Tchad sans se faire renverser par un putsch militaire. Aucun de ses prédécesseurs n’a eu un tel privilège, une telle habileté, une telle chance… Toute une carrière au palais présidentiel. Grâce à son allié français qu’il sait appeler au secours pour repousser les velléités de rebelles ; tant les « dettes de sang »[4] ne manquaient jamais entre Déby et Paris.

C’est un tel stratège que perd le Sahel. Mais ce n’est pas le plus important. Le plus important est feutré dans les nombreux hommages qui lui ont été rendus depuis sa mort. Les hommages de ses alliés ne sont pas juste de simples mots. Ce sont de puissants mots qui traduisent la réalité. À preuve, la ministre des armées de France, Florence Parly déclarait que « la France perd un allié essentiel dans la lutte contre le terrorisme au Sahel »[5]. Niamey disait tout quand il mettait l’accent sur « l’engagement personnel »[6] d’Idriss Déby Itno dans la lutte antiterroriste dans la région du Sahel. En fait, le Sahel doit l’engagement du Tchad à l’engagement personnel de Déby. Il a engagé son armée sur tous les fronts de la lutte antidjihadiste dans sa région : au Sahel comme dans le Bassin du Lac Tchad. Il était capable de descendre sur le terrain pour encourager ses troupes. Et surtout, il mettait à disposition de ses alliés, des troupes d’une efficacité appréciée. Il les a engagées, aux côtés de l’armée française, dans l’opération de libération du septentrion malien en janvier 2013 ; au sein de la Mission multidimensionnelle des Nations unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) et dans la Force conjointe du G5 Sahel.

Cet engagement personnel d’un homme de réseau et d’expérience, d’un chef de guerre qui avait les moyens d’agir militairement, va manquer au Sahel. Cela est une perte irréversible, irrémédiable. Le plus dramatique serait de courir le risque de perdre son héritage.

B- Ce que le Sahel pourrait perdre…

C’est l’héritage d’Idriss Déby Itno. Cet héritage n’est rien d’autre que le fruit de son engagement personnel. Il s’agit de son action contre les groupes djihadistes dans la région. Idriss Déby Itno a construit une armée relativement solide qui rend d’énormes services au Sahel. C’est vrai qu’il existe plusieurs politiques de relèvement du niveau des armées nigérienne, malienne et burkinabè. Mais pour le moment, les résultats des missions européennes de formation (EUTM, EUCAP Mali et Niger), de l’École de guerre du G5 Sahel, du Collège sahélien de sécurité… restent encore peu perceptibles sur les performances desdites armées contre les groupes djihadistes. L’armée mauritanienne reste, quant à elle, certes efficace et organisée mais plus concentrée à préserver son territoire. L’Algérie n’engage pas son armée à l’extérieur de ses frontières. La France pense à comment réduire son engagement sahélien trop coûteux pour son trésor. C’est dire qu’aujourd’hui encore, le Sahel a besoin de l’engagement des troupes tchadiennes.

La preuve en est que les armées burkinabè, malienne et nigérienne n’ont pas pu faire face efficacement aux djihadistes dans le Liptako-Gourma où est installé le fuseau centre de la Force conjointe du G5 Sahel. Il a fallu qu’au sommet de Pau de janvier 2020, Idriss Déby Itno accepte de déployer des soldats tchadiens dans cette zone des trois frontières entre le Burkina Faso, le Niger et le Mali. Après un retard dû aux contraintes liées aux défis militaires intérieurs, l’ex. président tchadien a déployé tout dernièrement 1200 soldats dans cette zone. Cela prouve l’importance du Tchad dans le dispositif antidjihadiste actuel au Sahel.

En clair, la déstabilisation du Tchad provoquera une rechute profonde de la déstabilisation du Sahel. Car, si le Tchad post-Déby-père se déstabilise ou change ses priorités, il pourrait priver le Sahel de son précieux appui ; ou le réduire substantiellement pendant que le Sahel en redemande davantage. L’héritage de Déby s’en verrait bafoué au profit d’autres priorités. Sa perte se fera ainsi ressentir ainsi lourdement au Sahel. Mais aussi lourde qu’elle est, cette perte est-elle insurmontable ?

II- Une perte surmontable ?

Il fallait éviter ici d’être affirmatif, tant on ne sait pas ce que l’avenir réserve au Tchad et au Sahel. Ce qui est sûr, c’est le devoir de surmonter. Ce qui est moins sûr, c’est comment surmonter. Sur le Sahel, le risque de tout perdre plane tel une épée de Damoclès. En fonction de leurs intérêts, les chefs d’État du G5 Sahel et leur allié français ont fait un choix stratégique, un pari pour l’histoire.

A- Comment le Sahel peut tout perdre…

Déby est mort. Vive le déluge ! Le Sahel post-Déby pourrait être pire que le Sahel qu’il a connu. Le véritable nœud réside dans la capacité des autorités tchadiennes actuelles et futures à préserver son héritage sahélien. Autrement dit, l’avenir du Sahel passe par l’avenir du Tchad. La stabilité et la sécurité du Sahel passe par la stabilité et la sécurité du Tchad. Et les tournures futures que prendront les événements politiques internes au Tchad seront déterminantes pour dessiner le futur du Sahel. Le destin du Sahel se jouera donc dans les querelles politiques domestiques du Tchad. Et c’est là où se trouve le véritable défi. Car, le problème, c’est que tous les scénarios comportent des risques évidents ; aucun ne garantit une stabilité réelle et durable du pays. Sans prétention d’en établir une liste exhaustive, arrêtons-nous sur trois :

  1. Le maintien du système Déby. Ce scénario suppose que le Conseil militaire de Transition (CMT) arrive à se maintenir au pouvoir, à faire élire Mahamat Idriss Déby Itno pour succéder à son père. Un tel scénario de la continuité ne garantit pas pour autant une stabilité absolue du Tchad. Idriss Déby Itno était la figure tutélaire de l’armée tchadienne. Son fils a-t-il la notoriété et la carrure nécessaires pour commander cette armée ? A-t-il la poigne et l’habileté du père pour gérer les intérêts contradictoires autour de lui et garantir « un semblant » de stabilité ? L’héritier biologique est-il digne de préserver l’héritage sahélien du père ? Les questions sont nombreuses ; nous ne pouvons y répondre vraiment qu’à l’épreuve de l’histoire future. Mais les conséquences logiques de ce scénario se laissent déjà observer. Des manifestations populaires réprimées à la poursuite de la rébellion, le Tchad pourrait vivre des moments sombres dans les temps à venir. La France va-t-elle intervenir contre les groupes rebelles ? Les manifestations populaires finiront-elles par avoir raison du système en place ? Ce sont autant de questionnements qui brouillent l’avenir politique du Tchad et rendent incertaine la poursuite de son engagement au Sahel. Plus l’instabilité politique interne du Tchad s’empirera, plus le risque d’un désengagement du Tchad au Sahel se renforcera.
  2. L’opposition prend le pouvoir : Après trente ans de pouvoir Déby, l’opposition rêve probablement de tenir enfin l’occasion d’exercer le pouvoir. Cela pourra se produire dans l’hypothétique cas de l’organisation d’élections libres et transparentes. Un renversement du pouvoir actuel par la rue pourrait également contribuer à l’avènement de ce nouveau Tchad. Ce serait une première dans un pays où tous les chefs d’État sont arrivés au pouvoir par coup d’État militaire ; un pays où les militaires ont toujours été au centre du pouvoir politique. Et cette tradition militaire et de changements anticonstitutionnels de pouvoir fera peser sur le nouveau gouvernement, un constant risque de coup d’État fomenté par le camp Déby ou par d’autres factions de l’armée. Toujours dans ce scénario, il existe une forte incertitude sur l’attitude que pourrait adopter un nouveau chef d’État vis-à-vis des engagements sahéliens de son prédécesseur. Va-t-il les préserver ou les réorienter ?
  3. Le scénario libyen : Le Tchad n’est pas à l’abri d’une situation à la libyenne avec deux gouvernements (Conseil militaire de transition d’une part et rebelles d’autre part) dans un pays divisé en deux ; une guerre fratricide durable sur un territoire sans État, complètement fragilisé. C’est le scénario le plus apocalyptique. Ici, le risque d’un rapatriement des troupes tchadiennes engagées au Sahel sera encore plus fort.

On peut toujours multiplier les scénarios à l’infini : un contre coup d’État ? Une nouvelle rébellion ? L’entrée en scène d’autres puissances extérieures ? Une révolution ? Il y aura toujours des revers sur la stabilité du Tchad et, par conséquent, du Sahel. Quel que soit le scénario, le risque que le Tchad devienne un nouveau terrain d’expansion des djihadistes est présent. Les groupes djihadistes du Sahel auront du plaisir à s’exporter dans une zone sans contrôle. La dynamique expansionniste actuelle du mouvement djihadiste sahélien est descendante vers les pays côtiers comme le Bénin ou la Côte d’Ivoire. Elle pourrait alors se réorienter vers l’Est où le Tchad lui offrirait un espace d’expression encore plus intéressant. Un tel scénario ouvrira un nouveau théâtre. Les troupes tchadiennes déployées dans les autres pays du Sahel pourraient ainsi être rapatriées pour combattre à l’interne. Sans certitude de vaincre.

En clair, l’après-Déby a tout l’air d’un déluge. Le Sahel post-Déby a tout pour s’embourber davantage dans l’insécurité chronique qui le ronge depuis plusieurs années.

B- Comment le Sahel veut tout préserver…

Déby est mort. Vive Déby ! La stratégie du G5 Sahel et de son plus-qu’allié français se laisse progressivement lire. Il s’agit de faire revivre Déby, de ressusciter Déby, de ne prendre aucun risque sur la préservation de son héritage. Il s’agit d’opérer la réincarnation du père à travers le fils. Pour cela, aucun chef d’État sahélien n’a pris le risque de condamner fermement la prise de pouvoir anticonstitutionnelle de Mahamat Idriss Déby Itno. Même pas le fraîchement-élu Mohamed Bazoum qui n’est devenu chef de l’État du Niger que parce que son prédécesseur Mahamadou Issoufou a voulu respecter les règles démocratiques en quittant le pouvoir au terme de son deuxième mandat. Le Mauritanien Mohamed Ould El-Ghazouani – qui a aussi bénéficié du respect des mêmes règles par son prédécesseur Mohamed Ould Abdelaziz – ne l’a pas fait non plus.  Le Burkinabé Rock Marc Christian Kaboré n’a pas cru devoir condamner ce coup de force ; lui qui ne serait pourtant pas arrivé au pouvoir si la rue n’avait pas chassé Blaise Compaoré et si le coup d’État du Général Gilbert Diendéré n’avait pas été rejeté par la communauté internationale. Que dire du Malien Bah Ndaw qui n’a retrouvé le fauteuil présidentiel que parce que la CEDEAO a rejeté une transition conduite par la junte militaire, même s’il n’est aussi là que par la seule ruse de la junte.

Ils étaient tous en situation de rejeter la prise du pouvoir par le fils Déby. Aucun d’eux ne l’a fait pourtant. Pas plus que leur allié français qui a clairement affirmé son soutien au CNT. Le choix est clair : l’intérêt de la France et du Sahel réside dans la préservation de l’engagement de l’ex. président Idriss Déby Itno. Pour cela, il faut non seulement la stabilité du Tchad, mais aussi un dirigeant qui incarne la continuité d’une part et offre quelques gages de malléabilité d’autre part. En contexte sahélien, le droit d’aînesse est sacré et le jeune Général de 37 ans sera probablement réceptif aux conseils et sollicitations de ses kôrô[7] du G5 Sahel. Quant à la France, elle pourra lui rappeler les services rendus à son père.

Le choix fait par les chefs d’État du G5 Sahel et la France est donc de maintenir le clan Déby au pouvoir pour continuer de bénéficier de l’engagement militaire tchadien dans la région. Le président français est allé même jusqu’à promettre que « la France ne laissera personne menacer la stabilité du Tchad »[8]. Un message sans filtre adressé aux groupes rebelles et qui laisse entrevoir une plausible intervention française pour sauver le pouvoir du fils Déby face à une nouvelle avancée du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad. La stratégie du Sahel et de la France est d’afficher clairement et publiquement leur soutien à l’héritier pour s’assurer qu’il préservera l’héritage sahélien de son père.

Le choix opéré par les chefs d’État du G5 Sahel et la France est donc profondément stratégique et intéressé. Ce n’est pas un choix pour le Tchad et son peuple. C’est un choix pour préserver les intérêts du Sahel et de la France ; pour débourber le Sahel de ses niches djihadistes avec l’aide précieuse du Tchad. Si le nouveau Tchad tourne dos à l’ancien Tchad, le Sahel s’en trouvera profondément affaibli et insécurisé. Pour leur sécurité et leur stabilité, les chefs d’État du G5 Sahel préfèrent donc éviter tout risque en cooptant le fils. Si le nouveau Tchad tourne dos à l’ancien Tchad, la France pourrait d’une part perdre la main sur un pays qui lui est stratégique et d’autre part devoir déployer davantage de militaires au Sahel pour compenser le vide que laisserait le Tchad ; ceci, à une période où le sentiment anti-français grandit et que le retrait progressif de la France commence par devenir un sujet de préoccupation. Le Sahel et la France ont donc fait un choix par intérêt, un vrai pari. La stratégie est-elle la meilleure ? Marchera-t-elle ? Ou se retournera-t-elle contre eux ? L’histoire y répondra.

[1] Dans le cadre de cette réflexion, il faut entendre par « Sahel », l’espace du G5 Sahel, c’est-à-dire le groupe des cinq États que sont le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.

[2] Interview d’Alain Foka sur France 24. Disponible sur https://youtu.be/Q7s6taZtPYI, consulté le 25 avril 2021.

[3] Réaction du président malien Bah Ndaw suite au décès du président tchadien Idriss Déby Itno. Voir : Le Point Afrique, « Mort d’Idriss Déby : l’Afrique et le monde réagissent », 22 avril 2021, https://www.lepoiint.fr/242351, consulté le 24 avril 2021.

[4]Delphine Lecoutre, « Un fidèle allié de la France au centre du jeu régional. Le Tchad, puissance de circonstance », Le Monde diplomatique, juin 2016, URL : https://www.monde-diplomatique.fr/2016/06/LECOUTRE/55774, consulté le 3 janvier 2021.

[5]Réaction suite au décès du président tchadien Idriss Déby Itno. Voir : Le Point Afrique, « Mort d’Idriss Déby : l’Afrique et le monde réagissent », op. cit.

[6]Ibid.

[7] Kôrô est tiré de la langue Bambara et signifie « Grand-frère » en Français.

[8] Discours d’Emmanuel Macron lors de la cérémonie d’hommage au président Idriss Déby Itno, N’Djamena le 23 avril 2021.

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